Mon expérience du burn-out

A l'occasion de la diffusion de mon témoignage sur mon burn-out dans le podcast Eclore après un burn-out de Nathalie Wouters*, j'ai envie de vous parler plus en détails de celui que j'ai longtemps appelé mon pot de colle

Je souhaite que mon expérience de cette maladie puisse servir à d'autres. Que vous soyez en burn-out ou non, que vous ayez des proches qui sont dans cette situation, ou simplement que vous ayez envie d'en savoir plus sur cette maladie, cet article s'adresse à tous. 

J'ai vécu 2 burn-outs mais ceci reste bien évidemment mon expérience personnelle. 
Comme nous sommes tous différents, chaque burn-out est différent. 

* vous pouvez retrouver mon témoignage dans le podcast "Eclore après un burn-out" sur votre plate-forme de podcast préférée : Apple Podcast - Spotify - Deezer - Audiomeans...

Mon premier burn-out

J'ai vécu un premier burn-out en mai 2016. 

Un jour, ma cheville m'a lâché. Je suis tombée par terre et, même si j'ai traîné mon entorse encore 2 jours au bureau, la douleur et le médecin ont eu raison de moi : je devais rester à la maison et me reposer. 

Mais cet arrêt de plusieurs semaines, je l'ai vécu comme une claque dans la figure. 
A l'époque, je culpabilisais énormément d'être à la maison et de "laisser tomber" mes collègues alors qu'on avait tellement de travail. Je n'osais pas sortir de chez moi, j'avais peur de tomber sur quelqu'un qui se dirait "mais quelle fainéante celle-là, soi-disant elle est malade !"
Ma médecin m'a diagnostiqué un pré-burnout et m'a prescrit du repos. Sur ses conseils, j'ai entamé un travail avec une coach spécialisée dans l'accompagnement du burn-out. 

J'ai pu mettre des mots sur ce qui m'arrivait : TROP - ÉPUISEMENT - PAS ENVIE . 

J'avais trop de tout : trop de travail, de stress, de choses dans ma vie. 
J'étais épuisée. 
Je n'avais plus envie de rien. 
 
Aujourd'hui, avec le recul, je donnais des signes d'épuisement depuis bien avant ce moment. 
Comme quand je suis tombée dans les pommes dans le métro en allant au bureau après une période de stress intense.
Ou quand j'ai eu une semaine d'arrêt après une mission à l'étranger particulièrement éprouvante. 
Mais à l'époque, je ne prenais pas suffisamment de recul pour analyser ce qui se passait. 

Cet arrêt m'a fait du bien,  je me suis reposée et je me suis consacrée à d'autres choses. 
Il m'a permis de prendre un peu de recul par rapport à certains fonctionnements. 

Le retour au travail

Après quelques semaines d'arrêt, j'ai repris le travail en juillet 2016, dans la même fonction. Deux changements dans mes tâches ont été apportés, mais pas de grands bouleversements. 

A côté, pendant encore 6 mois, j'ai continué à voir ma coach pour définir ce que je voulais faire de ma vie si je changeais de boulot. 
Au fil des séances, j'ai petit à petit retrouvé l'envie de venir travailler, j'ai à nouveau vu les avantages que mon job me procurait, j'ai pris du recul par rapport à mon travail (qui n'était plus le centre de mon univers), j'ai relativisé les urgences, j'ai retrouvé la passion qui m'animait pour cette matière. 

Mais cela n'a pas suffi. 
Les dysfonctionnements structurels n'ont pas disparu, le manque de personnel ou de soutien de la hiérarchie n'ont pas changé, la reconnaissance n'est pas venue, les problèmes de management ont empiré. Insidieusement, la situation s'est détériorée. 

Dernière mission à l'étranger en janvier 2019 
A cela, s'est ajouté une situation personnelle où mon corps a été mis à rude contribution avec des traitements lourds pour essayer de devenir maman. Un ascenseur émotionnel qu'il fallait cacher et qui devenait difficile à supporter. 

J'ai essayé d'appeler à l'aide, de sensibiliser ma hiérarchie (ce que je n'avais peut-être pas fait assez avant mon premier BO), de prendre soin de moi. 
J'ai commencé le télétravail (4 jours/mois) et puis j'ai demandé de travailler à 4/5ème. 

Mais l'engrenage était en route, j'étais le hamster dans la roue, toujours obligé de courir plus vite pour ne pas être éjecté, je n'avais plus le temps de me poser, de m'exprimer, de prendre du recul. 

Tout m'irritait, me rendait agressive. 

Je fondais en larmes pour n'importe quoi. 

J'étais à nouveau épuisée. 

La rechute : mon deuxième burn-out 

Le 7 mars 2019, je suis retournée chez mon médecin pour un problème de chute de cheveux. 
Et là, j'ai craqué, je me suis effondrée en larmes dans son cabinet. 
Elle m'a mis à l'arrêt pour 3 semaines et m'a diagnostiqué un "épuisement physico-psychique"*
*J'en profite pour la remercier pour sa bienveillance et son empathie : elle n'a parlé de burn-out que quand j'ai mis moi-même les mots sur ce qui m'arrivait, plusieurs semaines plus tard. 

Première réaction : j'étais soulagée ! Autant ma mise à l'arrêt lors de mon premier burn-out m'avait culpabilisée, autant cette fois-ci, je me sentais plus légère. Car cela faisait des mois que je savais que je tirais sur la corde, que je voyais les signes mais que je préférais les ignorer. 

A ce moment-là, je suis retournée voir ma coach qui m'avait accompagné 3 ans auparavant. 
Quelques mois plus tôt, quand je me sentais sombrer, je m'étais dit qu'il fallait que je retourne la voir. Là, je débarquais dans sa consultation après quelques jours d'arrêt avec comme objectif de trouver un autre boulot (!!).

Aujourd'hui, j'en ris. Sur le moment, j'en ai pleuré. 

Car évidemment je n'étais pas encore prête à penser à une reconversion. J'étais épuisée. 
Elle a tiré la sonnette d'alarme : tout ce que je racontais évoquait dangereusement le burn-out. 
Il était beaucoup trop tôt de parler de changement professionnel, je devais me RE-PO-SER en priorité. 
Et identifier les activités énergisantes et énergivores. 
Elle m'a parlé de la théorie des petites cuillères, reprise par Anne Everard dans son Guide du Burn-out (que j'ai lu quelques semaines plus tard et qui m'a beaucoup parlé). 

Aujourd'hui, avec le recul, je sais que c'était ma période où j'étais vidée. 

Le repos

Je ne voulais pas l'admettre, je disais encore "Je me suis arrêté à temps, je n'ai pas attendu de ne plus savoir me lever un matin comme ces personnes qui tombent en BO du jour au lendemain..." 
Pourtant, une activité par jour (genre un rdv chez la psy ou la coach) et j'étais bonne à rester dans mon canapé le reste du temps. 
Prendre le bus pour 5 arrêts pour aller à la pharmacie me paraissait une montagne. 
Partir en city-trip avec mon chéri et j'étais incapable de sortir de l'hôtel pour manger le soir. 
Je n'avais plus aucune énergie. 
Mon activité principale à l'époque
Physiquement, j'étais une loque.

Que faire ? 
Rien. 
Je ne devais rien faire. 

Mais c'est très dur à accepter quand on a toujours été hyper active et en mouvement. 
Devoir accepter que le corps a dit stop alors que le mental veut continuer. 

Ma psy et ma coach m'ont encouragé à faire des choses qui me faisaient du bien. Des choses qui me faisaient plaisir. 
Il m'a d'abord fallu renouer avec ces envies et ces besoins.

Petit à petit, j'ai expérimenté plein de recettes de cookies et de biscuits. 
J'ai commencé à rouler à vélo. 
J'ai refait du yoga avec Adriene.
J'ai dévalisé la bibliothèque du quartier. 
J'ai dormi. 
J'ai regardé (beaucoup) de séries ou de films. 

Bref, je me suis reposée. Longtemps. Très longtemps.

Le chemin

Car le chemin a été long. 
Le chemin vers la sortie est sinueux, il est fait de bosses, de creux, de chutes, de pas en avant, de pas en arrière, d'avancées et de reculs. 

Parfois je pensais que j'allais beaucoup mieux et puis quelques jours plus tard, je me retrouvais à pleurer toutes les larmes de mon corps à chaque contrariété.
Retourner dans le quartier de mon boulot était impossible. En parler aussi. 

J'ai mis un an à commencer à parler de ma relation avec ma hiérarchie avec ma coach. C'était un sujet trop douloureux, que j'évitais. Qui me donnait mal au bide.

Petit à petit, j'ai dénoué les fils. J'ai découvert qui j'étais. J'ai décortiqué mes comportements, mes modes de fonctionnement, mes qualités, mes défauts. Ceux des autres aussi. 
J'ai analysé les raisons de mon burn-out, qui était multifactorielles : liées à la fois à mon environnement de travail, à ma hiérarchie, à ma personnalité. 

J'ai énormément travaillé sur moi aussi à côté de tout le travail réalisé lors des séances avec ma coach et ma psy. Car dans cette longue route, ma découverte du Journal créatif® a été une révélation. 
M'exprimer dans mon journal a été un soutien de chaque instant, un exutoire pour mes émotions débordantes. 

J'ai relu mes écrits du passé, j'ai réalisé que cela faisait des années que j'en avais marre de mon travail mais je ne savais pas quoi faire. 

Participer à un atelier burn-out ou un atelier Carnet de deuil ont été des étapes-clé dans ma reconstruction. 

Et évidemment, m'inscrire à la formation certifiante pour devenir animatrice en Journal créatif. J'ai partagé longuement mon expérience à ce propos dans cet article, je ne vais donc pas en rajouter une couche mais le travail personnel effectué lors de cette formation m'a permis de trouver ma voie ! 

Au départ, je voulais surtout approfondir l'outil du Journal créatif mais c'est en donnant mes premiers ateliers lors de mon stage que j'ai réalisé que j'avais trouvé ma place ! 

Il m'a fallu encore un petit moment avant de prendre une décision : j'ai été longtemps dans cette période inconfortable d'entre deux où j'ai exploré les possibilités de retourner au travail. Peut-être à mi-temps, dans un service différent, ailleurs, de me lancer comme indépendante à temps plein ou en complémentaire... les possibilités étaient grandes mais des peurs me bloquaient encore.

Finalement, je suis arrivée à la conclusion que je souhaitais me donner du temps pour développer les activités de Passeport pour Soi à mon rythme, en étant alignée à ce qui me met en joie et donne du sens à ma vie.

La fin du burn-out 

1059 jours… mon burn-out aura duré officiellement 2 ans, 10 mois et 22 jours. C'est la durée officielle de mon certificat d'arrêt de travail. 

Aujourd’hui, je peux enfin dire que je suis guérie ! 
Je sais que je dois rester vigilante à mes énergies, à ne pas en faire trop mais j'ai retrouvé l'équilibre et surtout, la flamme qui me donne envie de briller et d'avancer.

En février 2022, je suis retournée travailler quelques jours chez mon employeur, pour la première fois depuis le 7 mars 2019. 
J'ai eu l’occasion de clôturer proprement ce chapitre de ma vie, de dire au revoir et merci aux collègues que j’ai côtoyés pendant plus de 15 ans, de récupérer et trier mes affaires, de tourner la page. 
Un cycle s'est terminé…

Après toutes ces années à contribuer à la poursuite des plus grands criminels et à la justice internationale, je vais désormais consacrer mon énergie à aider les autres à prendre soin d’eux. 

Avec des escapades créatives soutenues par le Journal créatif®, le Carnet de deuil, le carnet Totem ou d’autres outils. 
À retrouver leur flamme qui a vacillé. 
A s’évader dans des voyages intérieurs et extérieurs. 
A explorer leur créativité. 
A renouer avec leur enfant intérieur. 
À Vivre !☀️

Je me réjouis d’entamer ce nouveau voyage créatif qui s’annonce à vos côtés ! 

À très vite !

Pour terminer (équivalent du P.S. !)

Dans tout ce parcours, j'ai été aidée et soutenue par de nombreuses personnes fabuleuses, qu'elles soient remerciées chaleureusement pour leur présence et leur bienveillance !

Si toi aussi, tu vis l'expérience d'un burn-out et que tu te sens seul-e ou incompris-e, surtout fais appel à des professionnels de santé qui peuvent t'aider ! Et si mon parcours t'inspire et que tu as envie d'aller plus loin, je te propose aussi un cycle d'ateliers burn-out qui peuvent t'amener à des prises de conscience grâce au Journal créatif®.

Depuis 2022, je suis membre de l'asbl Madame Papillon, qui vise entre autres à aider les femmes en burn-out à Bruxelles. Je te conseille de faire un tour sur le site de l'asbl pour découvrir plein de ressources ou sur la page Facebook

Enfin, si tu as des questions sur mon parcours ou mon expérience du burn-out ou quoi que ce soit, n'hésite pas à me contacter, je me ferais une joie de te répondre. 

Mais surtout, ne reste pas seul-e dans tes questionnements et tes angoisses, tu as les ressources en toi pour rebondir ! Et peut-être que tu ne le vois pas comme ça aujourd'hui, mais le burn-out est un cadeau qui te permettra de retrouver le chemin vers toi-même. 💛💚



Commentaires

  1. Merci pour cet article. Je ne sais pas si je vis la même situation que vous avez vécu, en ce moment, mais une choses est certaines, je me sens vide, perdue, sans aucune envie et épuisée. J'écris depuis toujours des petits textes, des petits poèmes laissant sortir mes émotions pour ne pas exploser ! Le journal créatif pourrait être une aide, mais il faut aussi que j'ai une démarche pour me faire accompagner. Merci pour le partage de votre témoignage, d'un sujet encore tabou.

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